Abuja veut relancer son économie et atteindre une croissance de 7 % en 2020.
Alors que des doutes persistent sur la santé du président Muhammadu Buhari, soigné à Londres depuis mi-janvier, le Nigeria a tenu malgré tout à publier un programme de réformes destiné à redynamiser son économie. Après -1,5 % en 2016, la première récession depuis 1991, l’évolution du PIB devrait redevenir légèrement positive cette année. L’objectif est de relancer la machine économique pour atteindre une croissance de 7 % en 2020 avec une inflation repassée sous la barre des 10 % (18,7 % en 2016).
Secteur pétrolier
Construit sur trois ans (2017-2020), ce plan dévoilé par le ministère du Budget prévoit de céder une partie des actifs d’Etat dans le secteur pétrolier et de créer 15 millions d’emplois. L’Etat détient en moyenne 55 % dans les joint-ventures pétroliers opérés par les majors mondiaux (Royal Dutch, Exxon Mobil, Total, etc.), qui assurent environ 90 % de la production de brut. De la même manière, le Nigeria détient 49 % d’une structure incluant la plus importante usine de liquéfaction du gaz d’Afrique. En opérant de telles cessions, les autorités nigérianes veulent à la fois « optimiser le rendement de ces installations et alléger les charges du gouvernement » selon le ministère du Budget et de la Planification nationale. De la même manière, l’objectif est de faire passer, d’ici à 2020, la production nationale de brut de 1,6 million de barils/jour à 2,5 millions.
L’autre volet sur lequel le programme entend agir concerne la politique monétaire : le gouvernement envisage pour la première fois de « mettre en place un régime de change déterminé par le marché pour renforcer la confiance et encourager l’entrée de devises » dans le pays. Depuis des mois, la Banque centrale nigériane est en effet accusée d’avoir fait fuir les investisseurs en refusant toute dévaluation et en maintenant la valeur du naira à un taux artificiel (315 nairas pour un dollar, contre 520 au marché noir). Pour donner de l’air aux opérateurs économiques asphyxiés, elle a consenti en février à puiser dans ses réserves de change et à injecter dans l’économie plusieurs centaines de milliards de dollars. Mais ces mesures ponctuelles n’ont rien résolu sur le long terme.
Même si la volonté politique est réelle, nul ne sait aujourd’hui de quelle façon et à quelle vitesse ce plan sera mis en place. Ni si le pays a décidé d’en finir avec la corruption.
lesechos.fr