Le président de la Commission de l’UEMOA, Abdallah Boureima (à gauche) : « La première des priorités est de faire face à l’urgence sanitaire et économique (…)
A l’initiative de la Chambre consulaire régionale de l’UEMOA, le gotha du secteur privé de l’Union s’est réuni, jeudi dernier par visioconférence, pour dégager une feuille de route censée relancer les activités économiques du secteur privé régional lourdement affecté par les répercussions financières dévastatrices de la pandémie de Covid 19.
« Quelles perspectives de relance pour le secteur privé communautaire, un an après ? ». C’est sous ce thème évocateur de l’urgence que la CCR-UEMOA a convié le monde des affaires de l’union à passer à l’action. Et son président, Abdoulaye Kouafilann Sory, par ailleurs directeur général de Fidelis Finance Burkina campe d’emblée le décor. « Les entreprises du secteur privé communautaire restent en effet très durement impactées par les conséquences de la pandémie de la COVID-19. Un an après, force est de constater que nous manquons toujours de lisibilité́ quant à̀ l’issue de la crise sanitaire. Il me semblait par conséquent opportun d’organiser au niveau communautaire, cette réunion de concertation afin de mettre en synergie, toutes nos intelligences et répondre efficacement à la problématique qui est la nôtre (…), a-t-il fait savoir.
En présence du président de la Commission de l’UEMOA, M Àbdallah Boureima, les débats ont passé au peigne fin le bilan des mesures d’urgence, adoptées dans la foulée de la pandémie par les États pour renforcer la résilience du secteur privé, puis initiées, dans un second temps, la mise en place des plans dits de relance économique à plus ou moins long terme. En soutien à ces actions suscitées, le CCR UEMOA, selon son président, a alloué un appui financier de 120 millions de francs CFA, destiné à contribuer au renforcement des capacités des organisations du secteur privé de l’Union, dans le cadre de la lutte contre la pandémie de la Covid-19.
Une centaine de patrons des grands groupes de l’Union ont pris part à la concertation initiée par la CCR-UEMOA
Une relance en demi-teinte
Alors que le constat est unanime que l’ensemble des mesures de relance économique prises ne semblent pas avoir donné entière satisfaction quant aux objectifs visés, des voix s’élèvent pour appeler à des réformes audacieuses des économies de l’Union. « Les pays de notre union doivent impérativement tirer les leçons de la crise de la Covid-19 et travailler à une accélération de la transformation de leurs économies pour les rendre plus résilientes et génératrices d’une croissance plus endogène, inclusive et durable. C’est l’objectif autour duquel le secteur privé voudrait travailler avec les autorités de l’UEMOA », plaide M Sory. Une vision partagée par le président de la Commission qui admet à demi-mot l’insuffisance de la réponse communautaire. « Un an après, malgré de nombreuses actions entreprises, force est de constater que cette pandémie persiste et met à défi toutes nos pistes de solutions conjoncturelles. Il apparaît donc nécessaire que les Etats membres poursuivent la recherche de solutions efficaces, avec le concours des institutions communautaires et de notre précieux secteur privé fortement impacté », avance Abdallah Boureima.
Solutions de reprises
Même si la zone UEMOA, habituée à une croissance robuste de 6% va engranger un taux positif à 0,7% cette année, elle reste sous l’emprise des effets financiers ravageurs de la pandémie et son secteur privé avec. En effet, bon nombre de secteurs comme l’industrie du tourisme et du voyage, les transports, l’hôtellerie…demeurent en première ligne les victimes de la pandémie. D’après Moussa Sidi Mohamed, représentant des Organisations Ouest africaines des transports et de fret, le secteur du transport est sinistré à 80%. Dans le secteur des Assurances, les professionnels font état d’une baisse du volume d’activité de l’ordre de 15 à 20%, en partie lié aux sinistres de la plupart des secteurs d’activité. Dans le domaine de l’éducation, le directeur de l’institut de recherches Free Afrik, Dr Seydou Ouédraogo a fait le constat que ce secteur était déjà en crise avant l’arrivée de la pandémie. Saluant les mesures innovantes pour la continuité des activités (cours en ligne, à travers les radios et la télévision), il plaide pour le renforcement des infrastructures numériques et de connectivités au profit du secteur de l’éducation.
Alors que les projections montrent que la crise pandémique de la Covid-19 devrait induire une baisse drastique du PIB par habitant et faire basculer plus de 27 millions de personnes dans l’extrême pauvreté en Afrique subsaharienne, Abdallah Boureima, rappelle que la première des priorités est de faire face à l’urgence sanitaire et économique en trouvant des solutions d’une reprise aussi solide que possible des activités économiques et de lutter contre une aggravation du chômage et de la pauvreté. Un appel qui sonne comme un avertissement alors même que les répercussions immédiates de la pandémie frappent de plein fouet les zones urbaines et l’économie informelle, qui emploie environ 80 % de la population dans la plupart des pays de l’Union.
Parmi les pistes de reprise proposées, le président de la Commission de l’UEMOA suggère de repenser le modèle d’intervention afin de prendre en compte l’environnement économique actuel dans lequel évolue le secteur privé. Cela pourrait s’inspirer d’initiatives pouvant motiver les acteurs économiques, telles que l’initiative « Tremplin Start-Up » lancée cette année dans une collaboration fructueuse entre les différents Organes et Institutions de l’UEMOA.
Hervé Kakou (Collaborateur)
Ecodufaso.com/Ecodafrik.com