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Poterie : Un art qui fait vivre

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Au Burkina Faso, la poterie est omniprésente tant dans les villes que dans les villages. Cet art toujours vivant est l’héritage d’une longue tradition. Il procure aussi des revenus à ceux qui s’y adonnent.

Les techniques de production, les formes et les fonctions ont évolué au cours des âges. Les fonctions de la poterie sont très nombreuses, dans la vie domestique tout d’abord, mais aussi dans les domaines de la religion, de la médecine, de l’architecture et même de la musique. Aujourd’hui, malgré l’apparition des matériaux modernes, l’usage de la poterie est toujours d’actualité. La réalisation d’une œuvre suit un circuit bien précis décrit par le Pr Antoine Millogo, enseignant d’Histoire et Archéologie à l’Université de Ouagadougou. Tout commence par l‘exploitation de l’argile des mares et des cours d’eau à ciel ouvert. Les moyens de transport restent les paniers en matière végétale ou les assiettes métalliques portés sur la tête. L’utilisation de la charrette à traction asine se répand lentement pour cause de son coût élevé. Extraite de la carrière, l’argile est acheminée dans un atelier espace souvent réduit de l’enceinte résidentielle. Dans ces ateliers, on trouve comme équipement mobilier, des fragments de meules, des fonds et des bords de vieilles céramiques en guise de support au façonnage. Cet équipement traditionnel s’est enrichi dans certains ateliers avec l’introduction du tour métallique dans le dispositif de façonnage. Après le façonnage suit le pétrissage. Cette opération est capitale puisque que c’est au cours du pétrissage que les dégraissants divers sont ajoutés à la pâte pour bien mélanger les éléments plastiques et non plastiques. Les dégraissants peuvent être d’origine minérale ou végétale ou encore des déjections d’animaux (crottins d’âne ou de bœuf). Le dégraissant le plus répandu chez les potières du Burkina est la chamotte, constituée de tessons de vieilles poteries broyées en poudre. Le décor en relief est très répandu au Burkina Faso. La très grande variété des décors témoigne de l’ingéniosité des potières dans la combinaison des motifs. Au delà de l’aspect esthétique, le décor constitue une marque d’atelier. Des signes distinctifs permettent ainsi aux potières de reconnaître leur production au sein d’un ensemble de poteries lors de la cuisson collective. Le décor devient une marque de propriété, une sorte de label. Il s’effectue en général lorsque la surface externe est encore humide.

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On rencontre quelques rares décors internes à l’intérieur de la lèvre de la poterie. Les instruments de décoration varient selon le motif recherché. L’usage de la paille tressée ou du fil de coton tressé, du bracelet torsadé en laiton est commun à beaucoup de potières. L’épi de maïs égrené ou un morceau de bois gravé permet d’obtenir d’autres motifs décoratifs. Le ressort métallique de cycles est de plus en plus employé dans la céramique contemporaine. La dernière étape est celle de la cuisson. Parmi les techniques traditionnelles de cuisson des poteries, celle réalisée en tas, à l’air libre, généralement à la périphérie du village reste la plus répandue. Les poteries soigneusement rangées sont recouvertes par de gros tessons. Le combustible recouvre l’ensemble des poteries à cuire. Après la mise à feu, les potières expérimentées exercent une surveillance permanente en attisant le feu selon le degré de cuisson voulu. Pour obtenir la teinte noire, les potières aspergent les récipients de décoctions de gousses de Néré préalablement bouillies. La cuisson pratiquée dans le four traditionnel est employée dans certaines régions du Burkina Faso. La poterie est une véritable occupation. En une journée, un potier peut fabriquer plusieurs jarres, marmites et pots. Les jarres sont notamment utilisées pour la cuisson de la bière de mil traditionnelle ou comme réservoir pour stocker de l’eau. Les œuvres réalisées sont sources de revenus pour les potiers. Certaine sont revendues dans des restaurants, hôtels et grandes institutions. D’autres sont commercialisées à l’extérieur du Burkina. Les techniques de fabrication se modernisent de plus en plus pour gagner davantage en efficacité et améliorer le design des œuvres produites. Une véritable économie s’organise autour de cette activité qui nécessite ingéniosité et rigueur d’autant que de plus en plus de touristes viennent au Burkina Faso pour s’inspirer de l’expertise des potiers(Tiébélé, Tikaré,…) et repartir avec de bons souvenirs du pays.

Aimé Florentin BATIONO
Ecodufaso/ Groupe Ecodafrik


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