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Sortir l’économie informelle de l’ornière

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L’Organisation internationale du travail (OIT) a mené une étude sur l’économie informelle au Burkina Faso. Les résultats ont été restitués le 29 août dernier. De grandes tendances se dégagent.

Selon l’OIT, le secteur informel désigne «un ensemble d’unités produisant des biens et des services en vue principalement de créer des emplois et des revenus pour les personnes concernées. Ces unités, ayant un faible niveau d’organisation, opèrent à petite échelle et de manière spécifique, avec peu ou pas de division entre le travail et le capital en tant que facteurs de production. Les relations de travail, lorsqu’elles existent, sont surtout fondées sur l’emploi occasionnel, les relations de parenté ou les relations personnelles et sociales plutôt que sur des accords contractuels comportant des garanties en bonne et due forme»

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L’économie informelle traduit les capacités de résilience de sociétés à faible productivité face aux chocs extérieurs. A bien des égards, son développement peut être considéré comme la réponse apportée au défi de la croissance de la population, donc de la demande d’emplois souvent au détriment de l’accumulation du capital. Selon l’étude, le secteur informel est devenu depuis 1980 le principal pourvoyeur d’emploi urbain. L’informel est, de fait, le principal moteur de la construction des villes et de l’animation de la vie urbaine. A Ouagadougou par exemple, l’économie informelle est répandue dans les secteurs caractérisés par des unités économiques de petite taille ou l’auto-emploi, comme la construction, le commerce, les services domestiques et l’agriculture. Ses acteurs bâtissent les maisons, fabriquent les meubles, créent et transforment les produits agricoles, réparent les automobiles, animent les marchés, organisent l’épargne, distraient (restaurants, buvettes, troupes théâtrales et musicales), soignent (tradipraticiens),… Cette économie occupe 80 % des actifs urbains, près de 20 % des actifs au plan national et contribue à plus de 37 % au Produit intérieur brut (PIB).

 

Les défis de la formalisation

Au regard de l’importance de cette forme d’économie, l’OIT plaide pour l’adoption de mesures incitatives qui faciliteront la transition vers la formalisation. Il y a urgence à formaliser car bien qu’absorbant plus de 80% d’actifs, le secteur informel reste caractérisé par déficit criard en matière de droits, de salaires, de protection sociale et de conditions de travail. L’économie informelle souffre également pour accéder aux opportunités de formation professionnelle et de financement. Au regard de cette situation, contribution à l’assiette fiscale du pays très faible. En 2012, il a contribué au titre de la Contribution du secteur informel (CSI) à seulement 1,5 milliard de FCFA, soit 0, 34% aux produits des impôts au Burkina Faso. La formalisation du secteur permettra d’apporter plus de revenus à l’assiette fiscale. Elle doit simplement permettre aux impôts d’avoir des données, des statistiques. Pour le ministère, la formalisation sera l’occasion pour les acteurs de bénéficier d’une protection sociale, de pouvoir s’immatriculer à la CNSS pour assurer leurs vieux jours, s’offrir des assurances- maladie ou cotiser pour la retraite. La formalisation va créer de l’emploi, et les employés seront également sécurisés avec le paiement d’un impôt spécifique de l’IUTS. En collaboration avec l’OIT, le ministère de la Jeunesse, de la Formation et de l’Insertion professionnelles (MJFIP) entend donc prendre des mesures afin d’améliorer les conditions d’emploi dans le secteur informel. Au nombre de ses mesures figurent des formations en entreprenariat, en mobilisation de ressources, en création d’entreprise, un appui pour l’accès au financement,… La réduction du capital de création d’une entreprise de 100 000 à 5000FCFa participe de cette dynamique. Les campagnes de sensibilisation vont s’intensifier afin d’inciter les différents segments de l’économie nationale à se formaliser pour plus de compétitivité et de viabilité.

 

 

Aimé Florentin BATIONO
ecodufaso.com / ecodafrik.com

 

 


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