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Avis d’Expert : Quel système durable d’accompagnement technique et financier des entrepreneurs agricoles…

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Avis d’Expert : Quel système durable d’accompagnement technique et financier des entrepreneurs agricoles sur la zone du Projet Pôle de Croissance de Bagré?

 

A cette interrogation, M. Adamou Nikiema, Spécialiste du Financement et d’accompagnement du secteur privé répond à travers une synthèse de réflexion sur l’accompagnement de la promotion de l’agriculture au Burkina Faso publié le 19 septembre 2016, dont voici la substance dans ce qui suit.

Tirant leçon des politiques publiques mises en œuvre depuis les indépendances qui n’’ont pas permis une exploitation optimale des potentialités, le Burkina Faso a opté pour l’approche pôle de croissance et de compétitive pour la période 2011-2015.

Cette approche tire son fondement du principal référentiel de pilotage de l’économie et de promotion du développement économique et social du Burkina Faso qui orientent l’action du de tous les acteurs pour la période 2011–2015. Il s’’agit de la Stratégie de Croissance Accélérée de Développement Durable (SACDD).

L’axe fort de la SCADD est le développement des pôles de croissance et Bagré a été choisi pour abriter le premier dénommé Pôle de Croissance de Bagré à cause principalement de son barrage de 1,8 Mrds de m3 d’eau et de son potentiel terre agricole aménageable de 30.000 ha. L’idée qui sous-tend ce choix est que la valorisation de ce potentiel permet d’installer aux côtés des producteurs des entrepreneurs agricoles professionnels afin d’augmenter sensiblement la production, de créer des emplois durables et plus globalement le développement de la région, voir du pays dans son ensemble.

C’est ce projet, au regard d’autres expériences timides du Burkina Faso sur d’autres plaines irriguées (Vallée du Sourou, Vallée du Kou, plaine de Banzon, de Douna, le périmètre sucrier de la SOSUCO, etc.), qui nous a pousser vers la réflexion, dans le cadre de ce mémoire, vers la mise en place d’un système durable d’accompagnement technique et financier des entrepreneurs agricoles dans la zone du Projet Pôle de Croissance de Bagré.

Pour aborder notre sujet nous avons adopté une démarche méthodologique sur trois axes dont les entretiens avec des experts (agronomes, hydrauliciens, financiers, chef de projet, économistes, etc.), la collecte de données (recherche documentaire et enquêtes primaires auprès des entrepreneurs agricoles et des institutions de financement) et d’un benchmarking pour capitaliser des expériences au Burkina Faso comme dans d’autres pays.

Les résultats de l’analyse font ressortir un écart entre l’offre et la demande de service d’accompagnement technique et financier dans la zone du PPCB.

D’un point de vue technique, les services d’accompagnement technique offerts habituellement par l’Etat ont connu une désorganisation du fait du désengagement brusque de l’Etat à la faveur du PAS dans les années 1990. Le secteur privé de l’appui conseil, crée suite au vide laissé par l’Etat, manque de coordination et les liens entre la recherche et les exploitants agricoles sont quasiment rompus.

Du côté du financement, les besoins des exploitants sont largement insatisfaits, le financement de l’agriculture n’occupe que 12% du portefeuille des institutions de financement de la zone du projet. Ces dernières connaissent très peu l’environnement de l’exploitant agricole et observent une forte prudence dans son approche du fait du manque de fiabilité des données comptables et financières produites des exploitations.

Face à cette situation l’approche participative adoptée par notre démarche a permis d’identifier avec les entrepreneurs agricoles sur les contraintes fortes qu’elles aimeront voir résolus pour impacter positivement leurs activités. Il en ressort que l’accès au crédit (24) et aux marchés (16%) représente les principales difficultés qu’ils ont dans leurs activités.

Les institutions de financement pensent quant à eux que le problème avec le secteur agricole pourraient être résolu si les contraintes principales de garantie (21%), de fiabilités des documents comptables et financiers (15%) des exploitants et des ressources de long terme (14%) pouvaient trouver solutions.

Au regard de ces préoccupations et après s’être inspiré de la conduite de grands projets et d’accompagnements d’entrepreneurs agricoles, nous proposé un plan d’actions prioritaires construit autour de trois pieds : le pied technique : renforcement des capacités techniques et entrepreneuriales des acteurs, le pied financier : efficacité du processus de financement des investissements nécessaires, des achats annuels d’intrants et des stocks et le pied commercial : amélioration du processus de transformation et de mise en marché des produits agricoles.

Le développement de l’axe 1, renforcement des capacités techniques et entrepreneuriales des acteurs, dont l’objectif est d’accompagner les entrepreneurs agricoles à la professionnalisation, a nécessité une organisation de ces derniers par typologie. Ainsi le premier niveau, les Grands Producteurs Familiaux exige un appui conseil très rapproché par les unités de gestion du PPCB avec comme activités principales la mise en place d’une équipe de conseillers agricoles expérimentés et professionnels, des formations en techniques de production et en comptabilité et gestion financières, l’accompagnement avec des subventions de l’Etat pour l’achat des intrants et de petits équipements, etc. Le second niveau, les Entrepreneurs Agricoles de taille Moyenne, représente des entrepreneurs qui ont besoin d’un accompagnement à l’autonomie. Leur appui se traduira par la prise en charge d’un contrat d’accompagnement avec des bureaux d’études ou ONG pour réfléchir avec ces derniers sur la définition et la conduite un plan d’actions d’appui conseil et l’établissement d’une base de données de partenaires locaux potentiels. Les Grands Entrepreneurs Agricoles constituant le troisième niveau ont juste besoin de facilitation à l’intégration dans la zone et à l’enregistrement de leur entreprise et pour d’autres formalités administratives.

L’axe 2 consacré au financement vise la création d’une relation durable entre les entrepreneurs agricoles et les institutions de financement. Les activités principales sont le renforcement de capacités des institutions de financement et de leurs équipes et la mise en place d’une ligne de crédit et de deux fonds de garantie (garantie de crédit et garantie contre les calamités naturelles).

L’axe 3 quant à elle traite de l’accompagnement à la recherche de débouchés commerciaux pérennes. Comme principales activités on peut retenir la construction de pistes et de route pour améliorer l’accès à la zone de production et aux magasins de stockage, l’accompagnement à la création des centrales d’achats et diverses formations sur la transformation et les négociations de contrats.

La bonne articulation entre tous les acteurs autour de ces trois axes : technique, financement et commercialisation, est, pour nous, un facteur de réussite du développement de l’agriculture et de l’émergence d’entrepreneurs agricoles professionnels.

Toutefois, il faut noter qu’outre ces premières pistes de réflexion, d’autres thématiques autour des entrepreneurs agricoles méritent d’être traitées de manière à créer un effet de levier à l’activité de l’entrepreneur agricole à Bagré, dont entre autres : (i) la question de la chaine de valeurs agricole, (ii) celle de la sécurité foncière, (iii) les questions de cadre réglementaire et institutionnel, etc.

Ces questions demeurent ouvertes et nous ramènent à l’éternelle question de la volonté politique réelle de nos États à faire de l’agriculture le pilier du développement de nos pays.

 

 

Adamou NIKIEMA
Spécialiste du Financement et d’accompagnement du secteur privé

 

E.F


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