Chocs adverses, résilience, impératif de relance, PNDES, et analyse et projections 2017 critiques, etc. Ces mots décrivent un tableau visiblement sombre de l’économie burkinabè, publiés dans le 4ème rapport de l’Institut Free Afrik intitulé « Burkina Faso 2016/2017 S’éloigner du précipice, Engager le renouveau !», présenté aux journalistes le jeudi 19 janvier 2017 à Ouagadougou.
Lire la situation économique internationale et nationale de l’année écoulée 2016, étudier les projections économiques de 2017 et proposer des recommandations. C’est à cet exercice scientifique que le Directeur Exécutif de l’Institut Free Afrik, l’économiste Dr Ra-Sablga Seydou Ouédraogo et ses collègues se sont prêtés. Face à la presse nationale, il s’est agi pendant environ deux heures d’horloge de proposer à l’opinion nationale un rapport complet de 90 pages, fruit d’une étude sur les dispositions de l’économie internationale et plus spécifiquement burkinabè en 2016-2017.De cette présentation il découle divers points dignes d’intérêts. En premier lieu, en terme de bilan de l’année 2016, la relance économique burkinabè tant attendue après la Transition politique a été « perdue » a martelé, l’économiste Dr Ouédraogo d’entrée de jeu de sa présentation du rapport. La croissance de 5.2 attendue en 2016 n’a pas été atteinte.
L’étude révèle une économie burkinabè qui a glissé toute l’année durant entre « chocs adverses, résiliences et impératif de relance ». A ce propos, l’étude revient sur ce qu’elle a qualifié de décélération de la croissance. En effet, malgré un contexte international favorable marqué par la baisse des cours du pétrole et une reprise timide de celle de l’or et la revalorisation du coton, le pays n’a pas su tiré profit. Au contraire il a manqué de réformes stratégiques prenant en considération cette opportunité de renflouer les caisses publiques. La fronde sociale, le climat sécuritaire dégradé ainsi que la récurrence des attaques terroristes n’ont pas été de tout appui pour le pays des hommes intègres.
L’étude fait aussi une part belle au Plan National de Développement Economique et Social (PNDES). A ce sujet, l’équipe de l’Institut Free Afrik à travers le rapport apprécient positivement et globalement le nouveau référentiel de développement et fonds mobilisés lors de la conférence des partenaires à Paris. Cependant, elle reste dubitative par rapport aux fonds mobilisés surtout en ce qui concerne ceux du second jour de la rencontre. Selon Dr Ouédraogo, la réalité est qu’il faut lire de très près car il ressort des promesses d’entreprises de renommée douteuse, sur qui, le Burkina Faso ne doit trop compter a-t-il confié. L’économiste a regretté la communication autour du PNDES qu’il a qualifié aussi d’anti-pédagogie du développement.
Les Kogleweogo, le paiement de la dette intérieure, la soutenabilité de la masse salariale, le mutisme du secteur privé, la crise que traverse le secteur de l’économie sont autant de questions qui prédisposeraient un mauvais présage pour l’économie nationale en 2017.
Des résultats du rapport, 2017 s’annonce comme une année critique. Un extrait du rapport indique qu’elle sera caractérisée par
« d’une sortie de l’inertie et de perspective de renouveau ou d’un immobilisme suicidaire sur les agendas de la justice et de la réconciliation, de la demande socio-économique, de la remobilisation des administrations et surtout de la réforme des forces armées et de sécurité pour faire face au renouveau sécuritaire et à la mutation de la conflictualité. »
Pour s’éloigner de ce schéma catastrophique, le rapport recommande pour prévenir du « précipice », la responsabilité de chacun [ndlr : opposition politique, intellectuels, syndicats, etc.] pour briser l’inertie produite par le jeu politique. Du reste, les différentes forces politiques, notamment la responsabilité des « actuels tenant du pouvoir » qui se parleraient de façon interposées dans les médias n’ont pas été écartés par l’étude. Free Afrik révèle : « il n’y aura pas de changement si on n’arrive pas à changer la distribution du pouvoir entre les trois si on n’arrive pas à créer une communauté de destin qui les oblige à se mettre ensemble ». Il faut en ce moment que l’opposition politique prenne ses responsabilités. Il faut que l’opinion publique continue sa veille a estimé Dr Ouédraogo.
Toute autre recommandation du rapport Free Afrik pour une relance véritable de l’économie est l’accélération de la mise en œuvre du PNDES, la réforme des forces armées, la question de transport public collectif pour profiter de la conjoncture du cours du pétrole, celle de la taxe de visa qui pénalise le tourisme et l’accélération du paiement de la dette intérieure.
L’Institut Free Afrik est un Organisme de recherche, qui anime depuis maintenant cinq ans une équipe permanente et un réseau international de chercheurs dédiés à l’étude des économies ouest-africaines. En 5 ans Free Afrik a soutenu une intense activité de recherche qui a apporté un éclairage nouveau à la connaissance des systèmes bancaires et financiers de l’UEMOA.
Balguissa Sawadogo
ecodufaso.com / ecodafrik.com