Le tramadol vous connaissez ? Eh bien, il s’agit aujourd’hui d’un véritable problème de santé publique. A Ouagadougou, Bobo-Dioulasso comme partout ailleurs dans le pays, de jeunes burkinabè s’adonnent à une consommation excessive de ce qui est appelé trivialement « missile » ou la drogue du pauvre. 25FCFA suffisent pour se le procurer et se requinquer. Evidemment, comme toute drogue, cet antalgique illicite sème émoi et consternation au sein de la jeunesse et annihile les efforts de développement puisque les jeunes qui en sont accrocs ne peuvent plus être des acteurs économiques de premier plan. Il y a donc urgence à agir pour stopper les ravages du tramadol.
Selon certaines sources policières, le tramadol aurait fait son apparition au Burkina Faso dans les années 2010.Depuis, ces adeptes ne font que croître. Ils se recrutent surtout parmi les jeunes desoeuvrés où accomplissant un travail nécessitant beaucoup d’efforts physiques. Ils y voient un « remontant » et un « excellent moyen d’oublier les angoisses du quotidien ». Ce produit dangereux arrive par des pays côtiers comme le Ghana et le Togo, en passant par les ports. Ensuite, il remontent à bord de petits camions jusqu’à Ouagadougou et d’autres villes su pays. Ceux qui le commercialisent l’ont détourné de son usage pour en faire une drogue. Des médecins le prescrivent parfois à leurs patients qui se ravitaillent en pharmacie. Il est alors utilisé contre les douleurs modérées à sévères à la dose thérapeutique de 50 à 400 mg par jour. Le tramadol est plus puissant sur la douleur que le paracétamol, et les anti-inflammatoires tels que l’ibuprofène, le diclofénac…
Aujourd’hui, c’est le produit contrefait qui entre frauduleusement au Burkina Faso qui sévit. Sa consommation procure une illusion de bien-être. En effet, après la prise du tramadol illicite, la douleur disparaît momentanément. Mais à la longue, les conséquences sont fâcheuses : problèmes de foie, insuffisances rénales, schizophrénie,… sont le lot des consommateurs de cette drogue. Généralement pauvres, ils ont du mal à honorer les ordonnances que leur prise en charge nécessite. Ils se consument donc à petit feu au grand dam de leur famille et proches. Le tramadol encore appelé Djess, Blé-blé, deux-couleurs ou vert-blanc est vendu à 25 F CFA la gélule et 200 F CFA la plaquette par les marchands ambulants. On en trouve dans les quartiers, les marchés, les kiosques à café,… Au regard de ses ravages, il y a lieu d’intensifier la lutte contre les médicaments de la rue, d’élaborer de véritables politiques d’emploi des jeunes, de responsabiliser les jeunes eux mêmes au sein des familles.
Aimé Florentin BATIONO
ecodufaso.com / ecodafrik.com